Center Parcs: « Nous ne développerons pas d’autres sites dans l’Hexagone, c’est devenu trop compliqué » (Yann Caillère, Directeur général de Pierre & Vacances-Center Parcs)

Non, il n’est pas encore temps de sabrer le champagne ! Car même si Pierre & Vacances a décidé de ne plus construire de nouveaux Center parcs en France (Tour Hebdo-29 janvier 2020), le Groupe n’abandonne pas pour autant les projets en cours, vu les millions d’euros déjà investis et alors qu’il se rapproche du but, particulière-ment en ce qui concerne le projet de Center parcs du Rousset.

Cette décision surprenante découle évidemment du constat par P&V que les délais encourus par les projets Center parcs en France coûtent trop cher. Cet aveu de défaite est une énorme victoire pour les opposants.  Elle a été rendue possible grâce à leur mobilisation et finalement grâce aux multiples recours qui systématiquement bloquent l’avancée de ces projets, à Roybon, Poligny, Le Rousset et bientôt à Pullay/Les Barils, grâce à PCSCP, la FRAPNA, Le Pic Noir, le CDPN et bientôt le Pic Vert des Bois Francs et prochainement EcoLogicAction 71.

Pierre & Vacances est au pied du mur. Depuis 8 ans, le Groupe essuie des pertes importantes (- 33 M€  en 2019, – 46 M€ en 2018). En Novembre 2019, le cours de l’action est au plus bas à 15€ et pour la première fois, le Groupe est déficitaire dans son activité-phare, l’immobilier, dû en bonne partie au manque à gagner causé par le blocage des 3 projets Center parcs. Il faut arrêter les frais. Exit le fils à papa, Olivier Brémond et arrive Yann Caillère, ex-Directeur général chez Accor et, depuis septembre 2019, nouveau DG de P&V. C’est un pro. Il a une mission : revenir dans le vert en 2021 et faire remonter  le cours de l’action. Il a un plan qui est surtout un plan d’économie :

  • Le licenciement de 220 salariés, essentiellement au siège parisien ;
  • Le regroupement des achats (tans pis pour les économies locales) ;
  • Le serrage de boulons pour toute la chaîne, de la construction à la commercialisation. Caillère fustige « le manque d’esprit entrepreneur » au sein du groupe (BFM Business 29/01/2020) ; ça va valser !
  • « L’optimisation des modalités de gestion avec les investisseurs particuliers et institutionnels », ce qui n’augure rien de bon pour lesdits investisseurs (baisse des loyers ou hausse des charges) ;
  • Le délestage des Village Vacances non rentables, en les transférant à sa filiale maeva.com qui louera les appartements pour le compte des propriétaires contre commission, genre Airbnb. Finis les loyers garantis et les contrats.

Un sévère coup de rabot pour tous : fournisseurs, employés, propriétaires.

Pierre & Vacances est face à un autre problème concernant les Center parcs : la compétition. L’industrie du loisir en France est en plein essor, alimentée par l’argent pas cher de la Banque centrale européenne. Pas un mois sans que soit annoncé un nouveau parc de loisirs, chacun rivalisant d’innovations : « Un immense parc de loisirs en projet aux portes de Rouen » (L’Union le 24 novembre 2019) ; « Projet touristique à 100 Millions d’euros » (L’Union le 13 janvier 2020), un parc hi-tech autour d’un lac à 40 km du Center parcs du Lac d’Ailette ; « Un projet touristique luxueux près de Chambord » (France Inter le 20 janvier 2020), sur 650 ha pour un coût d’un demi-milliard d’euros, à 20 km du Center parcs Les Hauts de Bruyères. Et ces projets ne représentent que la face émergée de l’iceberg. Les nouvelles offres de loisirs qui prolifèrent en France, plus branchées et plus luxueuses, feront indubitablement concurrence aux parcs aquatiques démodés de P&V. Ce qui explique sans doute la décision de P&V de se tourner vers l’Europe du nord (Allemagne, Belgique, Danemark) pour le développement de nouveaux Center parcs.

Ce qui est alarmant, ce n’est pas la bulle immobilière et touristique – qu’elle crève ! Ce sont les milliers d’hectares artificialisés chaque année, les milliers de tonnes de CO2 émis, les quantités énormes d’eau et de matières premières gaspillées, la commercialisation de notre environnement, la destruction de la biodiversité.

Center parcs revient au Rousset; préparons-nous!